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Guerre aux exilé·es

Los Angeles, dimanche 8 juin 2025. KEYSTONE
États-Unis

«Trump construit un goulag mondial pour les migrants capturés par l’ICE»1>The Intercept, 15 mai 2025.. Aux Etats-Unis, l’agence fédérale de contrôle de l’immigration intensifie ses rafles, tandis que le président républicain négocie des traités avec des Etats tiers – dont la Libye, l’Ukraine, le Salvador ou encore le Honduras. Objectif: expulser au plus vite les exilé·es arrêté·es vers ces pays, même quand ceux-ci sont ravagés par la guerre.

Face à cette machine à déporter qui s’emballe – plus de 17’000 expulsions en avril, en augmentation de 24% par rapport au mois précédent –, des résistances s’élèvent. Comme à Los Angeles, où des communautés tentent de bloquer physiquement les rafles de l’ICE, le Service de l’immigration et des douanes.
En faisant appel à la Garde nationale pour réprimer cette résistance citoyenne, Donald Trump confirme les contours fascisants de son projet politique.

Le prétexte invoqué pour justifier ce dangereux précédent? «Libérer Los Angeles de l’invasion des migrants». Une rhétorique à laquelle faisaient écho, le jour suivant, les propos d’une brochette de dirigeant·es de l’extrême droite européenne, dont Viktor Orban, Marine Le Pen et Matteo Salvini, réuni·es en France pour déclarer la guerre au «grand remplacement» qui menacerait le Vieux Continent.

La croisade anti-immigré·es est en effet loin d’être une exclusivité trumpienne. Depuis des années, l’Union européenne finance les milices libyennes qui interceptent les exilé·es tentant de rejoindre son sol, puis les enferment dans des camps où ils et elles subissent tortures, violences sexuelles et travail forcé.

Aujourd’hui, l’UE et ses Etats membres durcissent encore leurs politiques répressives. Le mois dernier, la Commission européenne a ainsi ouvert la porte à l’expulsion de requérant·es d’asile vers des pays tiers éloignés. Tandis que, sous l’impulsion de l’Italie et du Danemark, neuf Etats annonçaient leur volonté d’affaiblir la protection garantie par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) aux immigré·es expulsé·es en violation du droit international. Des recettes qui ont aussi des partisans zélés en Suisse – de l’UDC, qui applaudit des deux mains les attaques contre la CEDH, au conseiller fédéral (PS) Beat Jans, qui s’est déclaré favorable à l’externalisation des procédures d’asile.

Face aux conséquences terribles – enfermement et errance indéfinis, torture et mort – de cette guerre anti-immigré·es aiguillonnée par l’extrême droite, il serait salutaire que la résistance à l’œuvre dans les périphéries de Los Angeles fasse tache d’huile. Chez nous aussi.

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